Pascal Lamour



Le cycle perpétuel des saisons

Avec les fête de la Samain, vers le 1er Novembre nous venons d’entrer dans une nouvelle année celtique. Et ce n’est pas la seule particularité de notre calendrier. Parcourons ensemble les saisons druidiques et les plantes qui leur sont associées.

La saison sombre ouvre l’année celtique

Par l’observation et la pratique, les peuples ont compris le déroulement saisonnier et ils s’y sont adaptés : peu à peu, le temps des hommes s’est affranchi du cycle des saisons.

Pour nous les druides, la représentation de cette saisonnalité à notre échelle, c’est le nemeton, c’est-à-dire le sanctuaire des druides. Le nemeton est un cercle consacré, en pleine nature, qui dessine ce cycle cosmique. Il peut être construit de douze pierres, pour un temps illimité, ou juste créé pour la durée d’une cérémonie ou d’un rituel.

Toutes les dimensions de ce cercle sont basées sur le chiffre trois. C’est en ce lieu que nous consacrons les plantes, pour l’année, pour leur utilisation dans les trois mondes : le corps, l’esprit et l’âme.

Comme nos ancêtres, nous divisons l’année en deux saisons : une saison sombre qui commence au 1er novembre et une saison claire qui s’annonce au 1er mai. La saison sombre se divise elle-même en deux périodes : Samain et Brigantia. De même, la saison claire s’ouvre à Beltan et se termine par Lugnasad, selon le schéma annuel suivant :

​Saison sombre    Samain (1er novembre)                               Brigantia (1er février)      

Saison claire        Beltan (1er mai)                                            Lugnasad (1er août)

 

Bien entendu, dans notre nemeton, il existe des correspondances entre son orientation, les quatre fêtes ainsi définies et les différents rituels symboliques qui ouvrent chacune d’entre elles, tout au long de l’année celtique.

À chaque fête se définit également une répartition des plantes, en tenant compte de leur action thérapeutique et symbolique, afin de soigner l’humain, je le rappelle, de manière holistique, c’est-à-dire en tenant compte de toutes les composantes de sa personnalité et de son environnement.

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Samain : un pont éphémère entre les morts et les vivants ?

Tous les ans, aux alentours du 1er novembre, les druides fêtent la Samain. C’est la fête la plus importante de l’année qui introduit la saison sombre pour une période de trois mois. Ce passage correspond à un moment où les portes de l’autre monde s’ouvrent pendant trois jours et trois nuits. Les vivants et les morts se rencontrent, et certains esprits reviennent de l’autre monde pour expliquer aux vivants ce qui s’y déroule. C’est de cette croyance que sont nés bon nombre de nos contes et de nos légendes qui continuent à ravir les auditeurs.

Plusieurs plantes sont associées à cette période, comme : la grande bardane, la valériane, le fragon, le houx, la sauge officinale, le gui, la belladone, etc.

La musique de l’autre monde
La tige de sureau permet de réaliser un « instrument de musique » simple qui, grâce à sa sonorité, facilite le lien avec les esprits. Nous pensons donc que le sureau est un conducteur des âmes. La musique permet au druide d’atteindre les énergies supérieures, ce qui transforme le cours de la vie des vivants. D’autres âmes interagissent, communiquent leur devenir au travers des migrations, ce qui fait du sureau une plante de la vie.

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Brigantia : la fête de l’espérance et de la fécondité

Brigantia, fête de la lustration, débute le 1er février de chaque année et inaugure déjà la période de lumière, celle de l’espérance renouvelée, la nature en fécondation. Elle est liée au féminin. Les plantes associées à cette saison sont notamment : la menthe poivrée, la menthe aquatique, la verveine officinale, la verveine odorante, l’alchemille, le bouleau, le pissenlit, la mélisse, le nénuphar blanc, la bruyère calluna, la bruyère erica, etc.

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Beltan : la fête que vous célébrez sans le savoir

Au 1er mai, nous célébrons Beltan. C’est le début de la saison claire. Traditionnellement, Bel-tan, « le feu de Bel », est une fête reliée à la lumière et aux feux cérémoniels. Dans le sens pratique, on allumait des cercles de feu dans lesquels passaient les animaux du bétail dans le but de les protéger. Dans le sens spirituel, ce sont les rites dédiés aux dieux Lug ou Belenos, dans leur aspect lumineux.

Pour nos ancêtres, cette fête était considérée comme le commencement de l’été, période de la cueillette des premières plantes médicinales, mais aussi des foires, des assemblées, et de l’échange des biens. Les feux que l’on partage encore dans tout l’Occident, lors des fêtes populaires, au solstice d’été, sont issus de cette longue histoire.

Beltan initie la reprise de la vie de la nature. Cette dynamique oriente la répartition des plantes qui vont lui être associées, parmi lesquelles nous pouvons citer : l’aubépine, l’achillée, le millepertuis, l’ortie, l’armoise…

Les druides fêtent aussi les solstices et les équinoxes, notamment celui d’été, pendant la saison de Beltan…

Le solstice d’été : une fête de la lumière et du troisième monde

Notre santé est en lien permanent avec les trois mondes qui nous entourent. Telle est la pensée du druide qui garde à la fois les yeux levés vers le ciel et qui n’oublie jamais la terre qui le porte. Et quand il marche, il regarde devant lui, à la recherche du sens du troisième monde, c’est-à-dire du monde blanc, le Gwenved, le siège des âmes, l’énergie de toute énergie.

Pour se représenter cette énergie féconde dans le temps, le druide fête le solstice d’été, la période la plus lumineuse de l’année, la plus « solaire ». Pour lui, il exprime la splendeur éclatante de toute imagination de lumière : le tout est dans le tout.

Le blanc est à l’honneur

Comme la vague qui se renverse, l’année va donc, elle aussi, basculer au solstice d’été et sortir peu à peu de sa blancheur lumineuse pour migrer ensuite jusqu’au fond le plus sombre des nuits de Samain.

Cette cérémonie du solstice d’été a une telle importance qu’elle peut durer la nuit entière, dans l’attente du lever de ce soleil flamboyant, le plus puissant de l’année.

Et comme pour nous tout est symbole, c’est donc naturellement le blanc qui marquera cette période.

Nous pouvons nous représenter cette couleur claire car, en face d’elle, existe aussi le sombre, sa complémentaire. Pour le druide, en effet, il n’y a pas de vision manichéenne, pas de vérité définitive. Il en sera de même dans notre approche thérapeutique, qui doit être globale, mais doit toujours accepter d’être remise en cause. La santé n’est pas un droit, l’homme reste toujours humble.

C’est dans cette partie lumineuse que s’installe le temps des dieux, correspondance qui nous vient de loin car, dans la plupart des langues indo-européennes, le blanc est le monde du jour, le siège des dieux, le rapport divin-diurne. D’ailleurs, la puissance de ce symbole se retrouve dans la couleur de notre saie, le vêtement que porte le druide lors des rituels : elle est blanche, de la couleur sacerdotale.

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Lugnasad : la fête du roi et de l’abondance

Le 1er août, nous fêtons Lugnasad, qu’on peut interpréter par « août » en irlandais ou Gouel Est en breton. C’est la fête du roi : on se réunit en l’honneur de Lug le lumineux. Lors de cette fête, on demande la protection des récoltes et on remercie pour connaître la paix et l’abondance. On associe à cette période les plantes suivantes, notamment : le tussilage, le liseron des haies, le plantain lancéolé, la camomille romaine, la camomille matricaire, le bouillon blanc, le sureau, le coquelicot, etc.

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